Mes chers compatriotes,
Au moment où s’achève l’année 2015, je voudrais vous convier, comme chaque année, à revisiter notre parcours en tant que Nation et à nous projeter ensemble, avec confiance et détermination, dans la nouvelle année.
Vous conviendrez avec moi –je crois– qu’un seul mot suffit à caractériser l’année qui s’achève pour notre pays : RESILIENCE.
Il s’agit, vous le savez, de cette capacité à résister, à faire face aux défis quotidiens, que tous les partenaires au développement reconnaissent à notre peuple.
Cette qualité, qui fonde les grandes Nations, s’est particulièrement manifestée sur deux fronts importants : la performance économique de notre pays et sa situation sécuritaire.
D’abord, la performance économique :
Comme tout le monde peut le constater, le contexte international actuel est marqué, entre autres, par :
- le rétrécissement de la croissance mondiale,
- la baisse persistante des prix du pétrole et des autres matières premières.
Dans cet environnement international défavorable, notre économie a su résister. Elle a maintenu ses prévisions de croissance à 6%, avec une inflation limitée à un peu moins de 3%.
Ni les dépenses supplémentaires occasionnées par l’effort de guerre contre le terrorisme, ni même les perturbations de l’activité économique dans les zones attaquées n’ont pu nous empêcher d’atteindre nos objectifs…
Je suis conscient de ce que cette croissance ne suffit pas encore à transformer de façon significative le quotidien de nos populations à la base.
Nous pouvons faire mieux. Nous devons faire mieux.
Mais il est bon de saluer ce bel effort, grâce auquel nos indicateurs macroéconomiques sont plus viables.
Je dois d’ailleurs mentionner que cette croissance a permis à notre économie de générer, jusqu’à fin novembre 2015, 337 mille 660 emplois nouveaux contre 283 mille 443 l’année dernière.
Sur ce chapitre, il me plaît de relever que de 2011 à 2015, 1 million 175 mille 358 emplois recensés ont été créés.
Les besoins sont certes immenses et loin d’être tous comblés, mais il convient de se féliciter de ce qui a déjà été accompli, tout en s’engageant à faire toujours mieux.
J’y reviendrai.
En ce qui concerne le défi sécuritaire,
Notre Nation a su opposer une résistance farouche aux terroristes de Boko Haram, tout au long de l’année.
C’est le lieu ici de rendre un vibrant hommage à nos forces de défense et de sécurité, ainsi qu’à nos populations. La vaillance et le professionnalisme des uns, l’engagement et le courage des autres, ont permis de préserver l’intégrité de notre territoire. Nous n’avons concédé aucun centimètre de celui-ci aux agresseurs. Mieux, en diverses occasions, nous leur avons infligé d’importants revers au plan militaire.
Par une intense activité diplomatique, nous avons également su rallier un large éventail de partenaires à cette lutte contre Boko Haram. En tant que Nation, nous devons exprimer notre reconnaissance aux nombreux pays amis qui nous apportent leur soutien dans cette lutte.
A ce titre, je voudrais saluer de manière spéciale la décision des Etats Unis d’Amérique d’envoyer trois cents soldats en mission d’appui au renseignement. Nous les remercions de cette marque de confiance à notre pays et à notre armée.
De même les soutiens multiformes obtenus des autres pays amis tels que la France, la Chine, la Russie, l’Allemagne et bien d’autres encore, constituent une aide précieuse.
Avec le Nigeria voisin, nous avons affiné nos moyens et mécanismes d’action concertée.
Nous devons également saluer l’engagement fraternel à nos côtés des forces tchadiennes dans cette lutte qui nous concerne tous.
J’ai toujours pensé que le terrorisme était une menace globale, nécessitant une réponse globale. Cette réalité s’est confirmée en 2015.
Et en ce qui nous concerne plus directement, je me réjouis du fait que la Force Multinationale Mixte, est désormais active, sur le théâtre des opérations. Elle consacre l’implication effective de l’ensemble des pays de la Commission du Bassin du Lac Tchad dans ce combat.
Poussés dans leurs derniers retranchements, les terroristes ont désormais recours à la pratique odieuse des attentats-suicides.
Rien ne pourra entamer la détermination de nos forces de défense et de sécurité. Rien ne pourra altérer le moral de notre population, ni sa capacité de résistance.
Face aux atrocités de Boko Haram, les forces vives de la Nation se sont mobilisées pour dire, avec fermeté, NON au terrorisme. Mieux encore, elles participent à l’effort de guerre, par leurs contributions financières ou matérielles.
Cette grande mobilisation des uns et des autres a donné une résonnance particulière à notre stratégie de défense populaire. Armée et Nation font bloc pour préserver notre territoire et notre souveraineté.
J’ai eu l’occasion de saluer le rôle des comités de vigilance qui appuient avec efficacité nos forces de défense et de sécurité.
Nous devons ici saluer la mémoire de nos compatriotes qui ont perdu la vie dans cet exercice légitime de défense civile.
A la barbarie aveugle des terroristes, ils ont su opposer leur vigueur patriotique, jusqu’au sacrifice suprême. En cela, ils constituent des modèles pour notre Nation.
Mes chers compatriotes,
Après avoir si bien résisté aux épreuves de l’année 2015, il n’est pas question de baisser la garde aujourd’hui.
Sur les deux fronts de l’économie et de la sécurité, les défis restent nombreux. Toutefois, à l’aube d’une nouvelle année, je vous engage à regarder vers l’avenir, avec vigilance certes, mais aussi avec confiance et sens de l’engagement.
Le cap est fixé, vous le connaissez. Nous devons atteindre l’émergence à l’horizon 2035.
Pour ce faire, au cours de l’année 2016, nous sommes appelés à continuer de fructifier nos acquis, pour moderniser notre pays et améliorer les conditions de vie de nos populations.
J’ai demandé au Gouvernement d’y travailler avec inventivité, ardeur et obligation de résultats.
Le souci qui m’anime demeure la promotion de la qualité de la vie dans notre société. Je sais que cela doit passer par une amélioration du pouvoir d’achat de nos populations.
Malgré la conjoncture difficile actuelle, j’ai prescrit au Gouvernement deux mesures significatives :
- revoir à la baisse les prix du carburant à la pompe ;
et
- revoir à la hausse le montant des allocations familiales versées aux travailleurs.
Ces mesures prendront effet dès le 1er janvier 2016.
Mes chers compatriotes,
Des chantiers spécifiques interpellent notre Nation. Nous devons accueillir la CAN féminine en 2016 et la CAN masculine en 2019. Pour cela il nous faut des infrastructures adéquates. J’ai demandé au Gouvernement de s’y employer activement.
Notre objectif majeur demeure l’accélération de la croissance économique. Notre croissance doit être plus forte, plus durable, plus inclusive et génératrice de plus d’emplois pour tous, notamment pour notre jeunesse. Nos populations doivent ressentir les effets bénéfiques de cette croissance.
Pour y parvenir, et je l’ai réitéré récemment au Gouvernement, le Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi reste notre boussole.
Le Plan d’Urgence en indique les priorités immédiates, sans interférer sur le programme économique normal du Gouvernement.
Je me réjouis du fait que ce plan d’urgence triennal, si attendu par nos populations, est désormais sur les rails et en cours d’exécution. Les résultats des actions déjà engagées seront bientôt plus visibles.
En 2016, le pari majeur pour notre pays reste la création des conditions d’une véritable industrialisation. L’émergence ne se conçoit pas sans une industrie viable.
Nous disposons de ressources nombreuses : agricoles, minières, touristiques, culturelles et humaines. Elles constituent, pour notre pays, une grande réserve de croissance.
J’ai instruit le Gouvernement d’accélérer la mise en place des conditions préalables à l’industrialisation de notre pays.
Ces conditions indispensables sont :
- la disponibilité d’une énergie suffisante et permanente ;
- la modernisation de notre agriculture et la transformation de sa production ;
- l’exploitation et la transformation avantageuse des ressources minières ;
- l’amélioration continue du climat des affaires, pour attirer toujours plus d’investisseurs ;
- la mobilisation des financements nécessaires ;
- le développement des infrastructures de communication et télécommunications.
Dans ce dernier domaine, il nous faut rattraper au plus vite notre retard dans le développement de l’Economie Numérique. Celle-ci est un véritable accélérateur de croissance, en plus d’être une véritable niche d’emplois nouveaux pour notre jeunesse. Nous devons pouvoir en tirer avantage pleinement.
Le Gouvernement, dans son organisation, accordera à ce secteur toute l’attention méritée.
Mes chers compatriotes,
La tâche est immense, et les chantiers nombreux. Mais je crois fermement que nous pouvons faire un grand bond en avant.
Nous en avons les moyens.
A force de volonté et d’engagement patriotique, chacun à son niveau, je suis convaincu que nous pourrons relever le défi, dans l’intérêt de tous.
Ne ratons pas ce tournant décisif.
L’Administration est un indispensable instrument régalien au service de l’Etat et de l’intérêt général. Elle est pourtant régulièrement pointée du doigt par les usagers et par nos partenaires au développement.
Les conclusions récentes de la mission d’évaluation du FMI dans notre pays, les derniers rapports respectifs du Doing Business et du Cameroon Investment Forum ou encore de la CONAC sont particulièrement illustratifs à cet égard.
Il est bon que notre Administration ne cesse jamais d’être une force de progrès. J’entends y veiller personnellement.
Mes chers compatriotes,
Les défis qui nous interpellent sont exaltants. Avec l’engagement de tous, nous pouvons les relever.
J’ai foi en la qualité des hommes dont regorge notre pays…
Je connais votre patriotisme…
Œuvrons tous ensemble pour faire de 2016 :
- une année de victoires, de belles victoires, pour notre pays...
- une année qui apporte à chacun paix, prospérité et bonheur…
Bonne et heureuse année 2016 !
Télécharger le Message du Chef de l'Etat (pdf)
Yaoundé, le 31 décembre 2015