Dans son traditionnel message à la Jeunesse, le Président Paul BIYA a annoncé la mise sur pied prochaine d’un plan triennal « Spécial Jeunes », doté d’une enveloppe globale de 102 milliards de francs CFA, pour assurer avec pugnacité l’insertion économique des jeunes camerounais.
MESSAGE DU CHEF DE L’ETAT A LA JEUNESSE
Mes chers jeunes compatriotes,
C’est toujours pour moi, un moment important de m’adresser à vous, à l’occasion de la célébration de la Fête Nationale de la Jeunesse.
Cette année, nous en célébrons la cinquantième édition, preuve de la constante attention que la nation tout entière porte à sa jeunesse, depuis un demi-siècle.
On ne le dira jamais assez, notre jeunesse constitue un atout majeur pour le devenir de la nation. Elle est nombreuse et riche de potentialités, dynamique et ambitieuse, conquérante et inventive.
Je voudrais à cet égard saluer nos jeunes compatriotes qui se sont illustrés ces derniers temps par des innovations d’une grande valeur, reconnues de tous. Ils ont pris des initiatives pleines d’audace, dans le domaine très compétitif des nouvelles technologies de l’information et dans bien d’autres domaines, comme l’agriculture.
Ils n’ont pas eu peur. Ils ont osé. C’est ce que je vous recommande depuis toujours. Ils ont su braver les insuffisances de notre pays encore en pleine construction. Et ils ont obtenu de bons résultats dont nous pouvons tous être fiers.
Ils sont de bons exemples d’engagement patriotique personnel pour notre société. Ils méritent le soutien de tous. Qu’ils soient source d’inspiration pour ceux qui hésitent ou qui attendent encore !
Mes chers jeunes compatriotes,
Le patriotisme est une vertu que certains pourraient trouver passéiste, mais ce serait à tort. Aujourd’hui encore, il demeure, pour la nation, la marque d’une citoyenneté responsable et dignement assumée.
Il est bon, quel que soit votre rôle dans la société, de savoir faire preuve de patriotisme, pour mériter de la nation :
L’agriculteur dans son champ, l’élève ou l’étudiant dans leurs études, l’ouvrier sur son chantier, l’instituteur dans sa salle de classe, le médecin ou l’infirmière à l’hôpital, le chercheur dans son laboratoire, le fonctionnaire dans son bureau, le commerçant dans sa boutique, le mécanicien dans son garage, le balayeur à son poste de travail, le transporteur aux commandes de son engin.
Que chacun accomplisse sa tâche avec amour de la patrie. Alors seulement nous serons une force de progrès pour notre pays.
Voyez à ce sujet l’exemple de nos jeunes engagés au front. Ils protègent notre pays de la menace terroriste, depuis deux ans. L’amour de la patrie les soutient et les pousse, bien des fois, jusqu’au sacrifice suprême.
Ils ne se comportent pas comme ces autres jeunes qui se sont fait recruter, au prix d’importants sacrifices, dans l’administration. Ils désertent ensuite leurs postes d’affectation, tout en continuant de recevoir une rémunération. Ceux-là sont l’exemple de ce qu’il ne faut pas faire.
D’aucuns s’intègrent dans la fonction publique seulement en quête d’un matricule, comme ils aiment à le dire. Ceux-là ne méritent pas de la nation.
La recherche du gain facile et l’enrichissement sans cause sont des voies de perdition qu’il faut bannir des milieux jeunes.
Il est bon que notre jeunesse s’imprègne des valeurs républicaines et citoyennes. Elle devrait en faire le fondement d’un engagement authentique, sur tous les fronts, qu’ils soient sécuritaires, économiques, culturels ou sociopolitiques.
Mes chers jeunes compatriotes,
Je suis pleinement conscient de vos difficultés. Je connais vos doutes et vos angoisses. Je sais notamment que vous avez de la difficulté à trouver du travail.
Des facteurs exogènes, liés à l’environnement économique global, combinés à certaines pesanteurs internes, limitent notre capacité à créer des emplois décents. Mais nous ne baissons pas les bras. Nos efforts ces dernières années commencent à porter des fruits.
La mise en service prochaine de plus grandes infrastructures et l’exécution en cours du plan d’urgence triennal devraient consolider ces résultats.
A moyen terme, le lancement du vaste programme d’industrialisation, dont j’ai évoqué les grandes lignes le 31 décembre dernier, devra générer d’importantes opportunités d’emplois.
Le développement de notre agriculture y tiendra une place de choix. Je vous engage à opérer une réelle révolution des mentalités à ce sujet. La terre ne trahit jamais. N’ayez pas peur de franchir le pas, soyez les entrepreneurs agricoles dont le Cameroun a besoin. C’est un métier noble et rémunérateur de ce qu’il est convenu d’appeler l’économie réelle.
J’en appelle donc à la responsabilité des aînés : il est bon d’encourager les jeunes au travail de la terre, il n’est pas judicieux de les en détourner.
Il est tout aussi important de leur en donner le bon exemple : Les travailleurs urbains doivent aussi pouvoir s’investir en zone rurale. Par leur action et par celle du gouvernement, nous devons rendre nos villages plus accueillants pour notre jeunesse.
Il ne s’agit pas d’attendre de pouvoir rassembler de gros moyens. C’est avant tout une affaire de volonté et d’engagement. Dans l’agriculture, il est souvent possible de faire beaucoup avec peu.
De nombreux programmes existent au niveau du gouvernement pour soutenir le développement rural. Informez-vous sur ces programmes. Vous devez pouvoir en profiter.
A tout ceci, il faut ajouter un domaine qui, je le sais, vous est très cher, à vous de la génération dite « Android ». Il s’agit du développement de l’économie numérique.
A chaque génération ses défis historiques, pour le devenir de la nation ! Je puis dire que, pour notre jeunesse, l’un des défis majeurs est de réussir l’arrimage à ce phénomène marquant qu’est l’économie numérique.
J’invite toute la nation à se mobiliser résolument, pour accompagner les nombreuses initiatives de nos jeunes dans ce domaine :
- Le gouvernement devra poursuivre avec méthode et efficacité la mise en place d’une infrastructure adéquate ; mais aussi l’assainissement et la bonne régulation de ce secteur clé, dans l’intérêt de l’économie nationale et du développement de l’emploi-jeune.
- Les instituts de formation, publics ou privés, sont appelés à jouer leur rôle pleinement. Ils doivent identifier les métiers nouveaux et adapter leurs programmes en conséquence.
- Les grandes entreprises et autres structures, publiques comme privées, sont appelées à donner l’exemple, en procédant progressivement à leur propre mutation numérique.
- Les institutions financières trouveront certainement leur intérêt à développer des programmes spécifiques, pour soutenir les projets portés par les jeunes dans cette nouvelle économie.
C’est au prix d’un tel engagement collectif que nous allons gagner le pari d’une transition numérique réussie.
Ces deux secteurs, l’agriculture et l’économie numérique, nous appellent à poursuivre, en l’intensifiant, la professionnalisation de notre enseignement secondaire.
Dans l’enseignement supérieur, les différents acteurs ont été mobilisés pour fournir progressivement, au marché de l’emploi, des ressources humaines répondant aux exigences nouvelles.
Les entreprises cherchent non pas simplement des diplômés, mais des travailleurs bien formés à des métiers précis, et sans cesse adaptés à l’évolution du monde.
En réponse à cette attente, je me réjouis de ce que trois Centres Pilotes d’Excellence Professionnelle ont été ouverts à Douala, Limbé et Sangmélima. Le gouvernement y a investi environ 21 milliards, pour assurer le recyclage et la mise à niveau de techniciens supérieurs et autres ouvriers qualifiés.
L’insertion économique de la jeunesse est donc un souci constant. Nos actions vont se poursuivre avec plus de pugnacité, afin que notre jeunesse tire le meilleur profit des nombreux chantiers et projets en cours ou en préparation.
Dans cette optique, je viens de prescrire le lancement d’un plan triennal « Spécial Jeunes », doté d’une enveloppe globale de 102 milliards de francs CFA.
Ce plan devra faciliter et accélérer l’insertion économique de notre jeunesse. Nous devons tous y tenir particulièrement. Vous aurez-là, je crois, l’occasion de faire la preuve de votre « patriotisme économique ».
Par ailleurs, je crois que vous pourrez tirer un grand bénéfice des programmes d’éducation citoyenne offerts par l’Agence du Service Civique de Participation au Développement.
Cette initiative, fort opportune, a déjà constitué des centaines de comités locaux à travers le pays. Il convient d’y adhérer, et d’en tirer avantage.
Mes chers jeunes compatriotes,
Je vous l’ai laissé prévoir. Le ciel s’éclaire petit à petit. Les nuages se dissipent progressivement.
Je vous sais affectés, plus que les autres catégories de la population, par le chômage. Mais je vous invite à envisager l’avenir avec davantage de confiance. Certes, nous ne sommes pas encore parvenus au but. Mais nous avançons, en dépit de nombreux vents défavorables.
Il nous faudra certainement des efforts supplémentaires pour atteindre une croissance plus forte, plus stable et plus durable. Sans doute allons-nous continuer de rencontrer des obstacles sur le chemin. Mais il nous revient de les surmonter résolument et vaillamment, avec la participation de tous.
Je viens de vous indiquer tout le bien que vous pouvez tirer du travail de la terre, de notre nouvelle industrialisation, et aussi de l’économie numérique.
Par votre implication forte, vous êtes ainsi appelés à prendre en main le devenir de la nation, inévitablement et progressivement, sous l’encadrement bienveillant des aînés, dans une fusion intergénérationnelle bien organisée.
Pour cela, et en dépit des difficultés, vous devez garder foi en l’avenir.
Je puis vous assurer que je ne ménagerai aucun effort pour vous accompagner dans votre volonté de réussir.
Bonne Fête de la Jeunesse à toutes et à tous !
Vive la jeunesse camerounaise !
Vive le Cameroun !
Yaoundé, le 10 février 2016