Après la période de transition de cinq ans fixée par l’accord historique de Greentree, signé le 12 juin 2006, le Cameroun retrouve ce 14 août 2013 la plénitude de sa souveraineté sur la péninsule de Bakassi. L’accord de Greentree a été signé entre le Président Paul BIYA, l’ancien Président du Nigéria, OLUSEGUN OBASANJO, et l’ancien Secrétaire Général des Nations Unies, KOFI ANNAN, en présence de quatre Etats témoins à savoir, les Etats-Unis, la République Fédérale d’Allemagne, la France, le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord.
L’accord de Greentree s’inscrivait en droite ligne des pourparlers engagés par le Cameroun et le Nigeria sous l’égide des Nations Unies en vue de la mise en œuvre de l’arrêt de la Cour Internationale de Justice (CIJ) du 10 octobre 2002, sur l’affaire du différend terrestre et maritime, reconnaissant la souveraineté du Cameroun sur la péninsule de Bakassi. Avant Greentree, les Chefs d’Etat camerounais et nigérian, sous les auspices de l’ONU représentée par M. KOFI ANNAN, s’étaient déjà rencontrés à quatre reprises : le 15 septembre 2002 à Saint-Cloud près de Paris, peu avant le verdict de La Haye ; rencontre au cours de laquelle ils avaient convenu de respecter et de mettre en œuvre la décision attendue de la CIJ ; le 15 novembre 2002 à Genève pour une première rencontre tripartite Cameroun-ONU-Nigeria ; le 31 janvier 2004 à Genève encore, rencontre au cours de laquelle les parties s’étaient félicitées des opérations sans heurts de retrait et de transfert d’autorité dans le zone du Lac Tchad. Elles avaient également adopté un programme de travail détaillé de la Commission mixte Cameroun-Nigeria-ONU en vue de la mise en œuvre de l’arrêt de la CIJ. Cette commission devait se réunir alternativement à Yaoundé et à Abuja; le 11 mai 2005, une nouvelle rencontre tripartite se tint à Genève pour relancer le processus quelque peu crispé après la rencontre avortée de la 13ème session de la Commission mixte.
C’est dans ce contexte de confiance retrouvée qu’intervint l’accord de Greentree, le 12 juin 2006. Durant les trois jours ayant précédé la signature de cet accord, les experts des deux pays avaient travaillé d’arrache-pied pour peaufiner les dossiers. Et le jour « j », les Présidents BIYA et OBASANJO, puis le Secrétaire Général des Nations Unies ont tour à tour apposé leur signature sur le document, suivis en cela par les représentants des quatre Etats témoins.
Aux termes de l’accord de Greentree, le Nigeria s’engageait à procéder au retrait de ses forces de la presqu’île de Bakasssi dans les 60 jours suivants, avec un délai supplémentaire de 30 jours si des circonstances exceptionnelles le justifiaient. Ce qui fut fait. L’article 2 (a) de l’annexe de l’accord précisait aussi que « Le Cameroun autorise le Nigeria à maintenir son administration civile et une force de police nécessaire au maintien de l’ordre dans la zone pendant une période non renouvelable de deux ans à compter de la fin du retrait des forces nigérianes. A l’issue de cette période, le Nigeria retirera son administration et sa force de police et le Cameroun reprendra l’administration de la zone. »
Le 14 août 2008 dans la ville de Calabar, capitale de l’Etat fédéré nigérian de « Cross River », avait lieu une cérémonie sobre et pleine d’émotion de transfert d’autorité par le Nigeria au Cameroun sur la totalité de la presqu’île de Bakassi en application de l’arrêt de la CIJ du 10 octobre 2002 et de l’accord de Greentree du 12 juin 2006. Ce jour-là, en quittant Calabar, les représentants des deux pays, le représentant du Secrétaire Général des Nations Unies et les représentants des Etats témoins avaient promis d’appliquer intégralement l’accord de Greentree. Cinq ans après, ce 14 août 2013, c’est chose faite.
Le Cameroun et le Nigeria, deux pays frères et voisins, ont administré au monde un bel exemple de règlement pacifique de conflit frontalier. Dans la gestion de cette affaire, le Président Paul BIYA a montré une fois encore ses grandes qualités d’homme d’Etat épris de paix. Les deux pays peuvent désormais se consacrer aux efforts de développement pour le bien-être de leurs populations respectives et faire front commun face à d’autres défis qui les interpellent au plan de la sécurité transfrontalière. Aujourd’hui, les relations entre Abuja et Yaoundé sont excellentes, en témoigne la récente visite au Cameroun de S.E. Goodluck E. JONATHAN à l’occasion du sommet sur la sûreté et la sécurité maritimes dans le golfe de Guinée.