Monsieur le Président de la Conférence, 

Mesdames, Messieurs les Chefs d’Etat, de Gouvernement et de délégations,

Monsieur le Secrétaire Général de l’Organisation Internationale de la Francophonie,

Excellences, Mesdames, Messieurs, 

Nous savons depuis longtemps que le monde n’est pas juste. Nous savons aussi qu’il faudra beaucoup de temps et d’efforts pour venir à bout de la pauvreté et de l’exclusion.

Nous savons aussi que le monde est dangereux et que les périls peuvent intervenir à tout moment : guerres civiles ou étrangères, rivalités ethniques ou religieuses, oppression de factions sur les populations, que sais-je encore.

On peut, face à ces défis, se demander ce que notre organisation peut faire de plus.

On répondra aisément qu’elle s’est déjà fortement impliquée dans la préservation de la paix, la promotion de la démocratie et des droits de l’homme. On évoquera son rôle pour la défense de la solidarité entre les nations et son soutien à l’éducation et la formation. C’est exact. Et, à ce point de mon propos, je tiens à féliciter très chaleureusement mon frère et ami, le Président Abdou DIOUF pour l’ensemble du travail remarquable qu’il a accompli.

Je veux simplement dire que, depuis peu, nous sommes confrontés à de nouveaux défis.

Le premier concerne notre sécurité. Jusqu’alors, nous avions affaire à des conflits locaux dont les conséquences dépassaient rarement les limites de la sous-région. Aujourd’hui, nous sommes menacés par une entreprise de déstabilisation d’envergure mondiale. A l’offensive en Irak et en Syrie, elle a étendu ses tentacules au cours des dernières années jusqu’au Mali, puis à l’ensemble   de  la zone sahélienne.

Par l’entremise du terrorisme, elle fait également peser sa menace sur l’ensemble de la planète.

A titre d’exemple, je me permettrai d’appeler l’attention sur la situation de mon pays actuellement en butte aux attaques de la secte Boko Haram. Je remarquerai au passage que tous les pays voisins immédiats du Nigeria sont membres de l’OIF et sont donc concernés comme le Cameroun.

Face à un ennemi commun qui conteste toutes les valeurs auxquelles nous sommes attachés, la solidarité doit jouer à plein. L’Histoire récente nous enseigne qu’avec ce genre d’adversaire il ne peut y avoir de compromis.

Ai-je besoin de dire que nous restons des partisans déterminés de la paix. Nous ne renoncerons pas au « dialogue des cultures » cher au Président SENGHOR, cet illustre chantre de la fraternité humaine universelle.

En second lieu, la solidarité qui nous unit, doit également continuer à s’exercer dans le domaine du développement. En effet, la plupart de nos pays sont encore en développement. Or, nous savons que les objectifs du Millénaire pour le Développement qui viendront à échéance l’an prochain ne seront pas atteints. Le relais sera pris par l’agenda post 2015. Il est impératif que les retards accumulés soient rattrapés. Ce n’est que de cette façon que l’on pourra faire reculer la misère, creuset où se forgent l’extrémisme et la révolte.

Mais la misère c’est aussi le milieu où se développent les pandémies, et notamment le virus Ebola. Ce dernier, vous le savez, sème la désolation dans certains pays frères. Là également l’urgence de la solidarité s’impose à tous.

Le nouveau cadre stratégique de l’OIF sera à cet effet un atout précieux. En plaidant pour une solidarité plus agissante envers les PMA, notre Organisation contribuera à réduire les inégalités entre le Nord et le Sud. 

J’ajoute que si les femmes et les jeunes, qui   composent   les   trois   quarts   des populations de la plupart  de nos pays, obtiennent, comme s’y emploie l’OIF, un accès égal à la santé, à l’éducation et à la formation, nous aurons fait un pas décisif vers le progrès de nos sociétés. Il est donc heureux que nous ayons choisi comme thème pour notre 15ème sommet : « Femmes et jeunes en Francophonie : vecteurs de paix, acteurs de développement ». A cet égard, l’accent que nous mettrons sur les aspirations des femmes et des jeunes devra prendre la forme de programmes et de projets concrets. De la sorte, nous donnerons aux  femmes et aux jeunes des moyens nécessaires pour lutter contre la pauvreté, la faim et la maladie. Cette « nouvelle frontière » est bien conforme à la tradition humaniste de notre Organisation.

A côté de ces tâches fondamentales, bien d’autres requièrent notre participation. Le respect de l’environnement n’en est pas la moindre. 

Les pays d’Afrique Centrale ont le sentiment qu’en préservant la grande forêt du bassin du Congo, ils contribuent de façon significative à la réduction des gaz à effet de serre. C’est pourquoi ils se réjouissent que la Chine et les Etats-Unis paraissent s’engager dans cette voie. Ceci est de bon augure pour le succès de la Conférence de Paris sur le climat l’an prochain.

La situation du Lac Tchad est une autre source de préoccupation pour nous. Nous assistons presque impuissants à sa tragique disparition progressive. De plus, il pose des défis sécuritaires et socio-politiques. La Conférence de Paris pourrait œuvrer à la mise en place d’un plan de sauvetage du Lac Tchad. C’est une suggestion. 

Excellences, Mesdames, Messieurs,

Notre Organisation détient de nombreux atouts pour figurer parmi l’avant-garde de la communauté internationale. Pour continuer à   être  une   force   de   proposition, elle devra rester fidèle à ses valeurs et faire preuve d’audace pour s’adapter à un monde en perpétuel changement.

Dans ces temps lourds de menaces où la barbarie fait apparaître à nouveau son hideux visage, l’OIF à l’obligation de montrer que le destin de l’humanité devrait la conduire vers un avenir de fraternité et de tolérance, et non de haine et de violence.

Il me reste à remercier le Président Macky Sall, les autorités et le peuple sénégalais pour leur accueil chaleureux et leur fraternelle hospitalité à l’occasion de ce 15ème Sommet de l’Organisation Internationale de la Francophonie.

Je vous remercie de votre attention. -

 

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