Mesdames et Messieurs les Chefs d’Etat et de Délégation,

Monsieur le Président de la Conférence Générale,

Monsieur le Président du Conseil Exécutif,

Madame la Directrice Générale,

Mesdames, Messieurs,

Je voudrais tout d’abord féliciter sincèrement Monsieur le Ministre Stanley MUTUMBA SIMATAA pour son élection  à la présidence de cette 38ème Conférence Générale.

Monsieur le Président de la Conférence Générale,

Au moment où l’on célèbre les 70 ans des Nations Unies et des institutions spécialisées dont l’UNESCO, je suis heureux de voir l’Afrique, à travers votre pays, présider cette Conférence Générale. Il s’agit là d’un symbole fort qui montre combien le monde continue de changer positivement.

A cet extraordinaire changement, le système des Nations Unies, et l’UNESCO en particulier, a beaucoup contribué, qu’il s’agisse du soutien à l’indépendance politique de notre continent, de l’affirmation de sa personnalité et de la préservation de sa culture.  Ainsi, l’Afrique réhabilitée a fait son retour au sein de la communauté des nations.

Malgré des siècles de souffrances et de subordination, l’Afrique n’a jamais cessé de croire et d’espérer en l’homme. Elle a apporté à la communauté des nations son humanisme fait de respect de la personne humaine et de sa dignité, un humanisme marqué du sceau de la fraternité et de la solidarité. Ainsi s’explique sa quête pour un nouvel ordre mondial plus juste et plus solidaire. L’Afrique n’a eu aucune peine à faire siens les idéaux contenus dans la Charte des Nations Unies et l’Acte Constitutif de l’UNESCO.

Mon pays connaît d’expérience, Monsieur le Président, le poids de votre charge. Il vous assure de son soutien.

Excellences, Mesdames, Messieurs,

Le Cameroun, qui est heureux de participer à la célébration du 70ème anniversaire de l’UNESCO, voudrait par ma voix remercier vivement Madame Irina BOKOVA, Directrice Générale de l’UNESCO, pour son invitation. Je ressens, comme un honneur, le privilège de prendre la parole au cours de cette session historique.

Je commencerai par rappeler la relation particulière qui existe entre mon pays, l’UNESCO et le système des Nations Unies. A l’issue de la Première Guerre mondiale, le Cameroun a été placé sous mandat de la Société des Nations, et plus tard sous tutelle  de l’ONU. C’est sous l’égide de celle-ci qu’il a poursuivi avec bonheur sa marche vers l’indépendance. Le Cameroun se considère donc, à juste titre, comme pupille de l’ONU, et de la communauté internationale.

Au sein de la vaste famille du système  des Nations Unies, le  Cameroun  éprouve  une  inclination particulière   pour   l’UNESCO.

La raison en est  simple. Pays pacifique et tolérant, peuplé de populations d’origines, de religions et de traditions culturelles différentes, il se reconnaît dans l’idéal humaniste de l’UNESCO dont l’objectif ultime est « l’épanouissement » de l’homme et l’harmonie entre les peuples. Comme l’UNESCO, le Cameroun pense que nos  différences, loin d’être un handicap, sont une source d’enrichissement.

Mon pays partage aussi cette vision de paix perpétuelle par laquelle s’ouvre l’Acte constitutif de notre Organisation que je vais me permettre de citer :

« Les guerres prenant naissance dans l’esprit des hommes, c’est dans l’esprit des hommes que doivent être érigées les défenses de la paix ». Fin de citation.

L’harmonie et l’entente entre les peuples sont intimement liées à la reconnaissance et  au respect mutuel des différentes cultures ainsi qu’à leur  dialogue. La diffusion de l’éducation et du progrès des sciences ne peut qu’y contribuer.

Fort heureusement, l’UNESCO se consacre depuis sa création à la promotion de ces valeurs. En effet, là où la guerre montre son visage hideux, on peut en voir les conséquences tragiques pour les populations et pour le patrimoine culturel de l’humanité. Ce qui se passe en Syrie, en Irak et au Mali l’illustre à suffisance.

Loin de nous décourager, ces exemples déplorables peuvent, au contraire, nous renforcer dans notre détermination à faire échec à ces idéologies funestes et rétrogrades.

Mon  propre  pays, havre de stabilité, en fait aujourd’hui la douloureuse expérience. Il subit depuis quelques années les attaques terroristes de Boko Haram. Cette secte sème le deuil et la désolation dans les familles, cause des déplacements de populations et un afflux de réfugiés. Elle perturbe la vie économique et sociale de la région de    l’Extrême-Nord de mon pays.

Pire, cette nébuleuse, par son intolérance, distille des germes de division à partir de considérations ethnico-religieuses. Elle s’attaque ainsi aux fondements même de notre pays : son unité. Le combat pour l’éradication de cette secte nous oblige à consacrer à notre défense des ressources importantes, au détriment de l’amélioration des conditions de vie des Camerounais. La mutualisation des moyens avec nos voisins, la mise en place d’une force multinationale mixte de l’Union Africaine, et l’appui appréciable des puissances amies dont la France, me laissent penser que nous viendrons bientôt à bout de cet ennemi barbare.

C’est le lieu pour moi de rappeler qu’aucun pays n’est à l’abri des attaques terroristes. Ce qui vient de se passer à Paris, le soir du 13 novembre, est particulièrement significatif. Le combat contre le terrorisme est le combat de toute nation qui met le respect de la personne humaine et de sa vie au premier rang de ses valeurs. Ce combat incombe à chaque nation. Il appartient à chaque nation d’y apporter sa contribution.

Excellences, Mesdames, Messieurs,

Au cours des décennies passées, le soutien de nos partenaires extérieurs et des organisations internationales ne nous a pas manqué. Il nous a aidés, au fil du temps, à édifier une société démocratique et à assurer notre développement. Notre ambition est d’atteindre l’émergence à l’horizon 2035.

Au nombre de nos partenaires, l’UNESCO occupe une place de choix. Je voudrais donc maintenant dire quelques mots sur notre coopération avec celle-ci.

Dans le domaine de l’éducation, l’UNESCO a contribué à la mise en œuvre de grands projets tels que la promotion de l’éducation pour tous, la lutte contre l’analphabétisme, le renforcement des pédagogies, l’éducation à la citoyenneté et la modernisation de notre système universitaire.

Dans le secteur des sciences, l’UNESCO nous encourage dans l’amélioration de la gestion de l’environnement et le fonctionnement du centre national de microscience.

Pour ce qui est de la culture et de la communication, on peut évoquer pour s’en féliciter le renforcement des capacités des acteurs culturels et l’amélioration de la gestion des aires protégées, ainsi que la promotion de l’accès à l’information.

Cette brève énumération ne saurait être exhaustive tant sont importantes et diversifiées les réalisations de l’UNESCO dans mon pays. Je dois également saluer l’implantation  au Cameroun du siège sous-régional de l’UNESCO pour l’Afrique Centrale. Cette décision va assurément consolider son action dans notre sous-région.

En terminant, qu’il me soit permis d’exprimer ma haute appréciation du travail accompli par l’UNESCO au Cameroun sous l’autorité de Mme Irina BOKOVA. Je tiens à l’en féliciter chaleureusement et à l’en remercier. Qu’elle sache que sa visite dans mon pays l’an dernier reste gravée dans les mémoires.

Je vous remercie.

 


Paris, le 16 novembre 2015

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