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Monsieur le Doyen du Corps diplomatique,

Je voudrais tout d’abord vous remercier pour les paroles aimables et encourageantes  que vous venez de tenir à l’égard de mon pays.

Mesdames et Messieurs les Membres du Corps diplomatique,

La décennie qui vient de s’achever tout comme l’année que nous venons de vivre ont été marquées par de grandes menaces sur la paix et la sécurité internationales. Face à d’énormes défis posés à l’humanité tout entière, et qui ont pour nom terrorisme, changements climatiques, mouvements migratoires, montée du populisme, etc., la communauté internationale a engagé de multiples efforts pour trouver des solutions. Mais, hélas, beaucoup reste à faire.

Si la lutte contre le terrorisme connaît quelque succès en Syrie et en Irak, l’on peut craindre qu’en l’absence d’une solidarité véritable et sincère entre les Etats, ce fléau ne s’étende, en s’intensifiant, à d’autres parties du monde. Je pense notamment à l’Afrique et particulièrement à la zone sahélienne où la Mauritanie, le Mali, le Niger, le Burkina Faso et le Tchad sont déjà touchés.

Le Cameroun n’en est pas épargné.

C’est l’occasion pour moi de saluer les efforts des Etats du G5 Sahel qui déploient d’énormes efforts pour neutraliser les terroristes. Je rends également hommage à la France dont les contingents participent courageusement à la lutte contre les djihadistes dans le cadre de l’opération Barkhane.

Le Cameroun, de son côté, conjugue ses efforts avec tous les pays voisins du bassin du lac Tchad et les partenaires internationaux de bonne volonté, pour neutraliser la capacité de nuisance de la secte Boko Haram.

Une telle solidarité est d’autant plus nécessaire que nos Etats en développement ont besoin de davantage de ressources financières pour construire des infrastructures routières, ferroviaires, portuaires, énergétiques et industrielles pour leur développement. Ces réalisations favorisent la création de nombreux emplois susceptibles de détourner notre jeunesse de l’aventure vers d’autres continents, et de nous éviter le drame qui fait de la mer Méditerranée un grand cimetière hideux en ce début du 21ème siècle.

Monsieur le Doyen du Corps diplomatique,

Mesdames et Messieurs les Membres du Corps diplomatique,

La communauté internationale se doit également d’apporter des solutions aux tensions commerciales entre grandes puissances qui, non seulement réduisent le commerce mondial, mais aussi contrarient les opportunités de développement de nos Etats.

De même, une attention particulière doit être portée au risque, de plus en plus manifeste, de remise en question du multilatéralisme qui a permis, jusqu’ici, à la communauté humaine de ne plus connaître de conflit à l’échelle mondiale.

Cette remise en question s’accompagne malheureusement de la mise en place, dans certains pays, de « gouvernements  populistes » qui privilégient des solutions nationales là où les problèmes sont globaux et communs.

Il faut espérer que l’on prendra collectivement conscience que les questions d’environnement, de climat et de développement, ainsi que les problèmes migratoires, constituent une preuve suffisante de l’interdépendance des Etats et de la nécessité d’agir solidairement afin d’y apporter des solutions idoines.

Mesdames et Messieurs les Membres du Corps diplomatique,

Au cours de l’année qui vient de s’achever, le Cameroun a, pour sa part, poursuivi, en amplifiant, ses efforts pour que règnent la paix et la sécurité sur toute l’étendue de son territoire.

Ainsi, dans la région de l’Extrême-Nord, nos forces de défense et de sécurité ont renforcé leur présence afin de réduire, voire d’empêcher les incursions des terroristes de la secte Boko Haram qui, malheureusement, continuent de causer des pertes humaines et matérielles.

C’est l’occasion pour moi de lancer un appel fraternel à tous les pays du bassin du lac Tchad, affectés, afin qu’ils se remobilisent et redoublent d’efforts pour mettre définitivement ces terroristes hors d’état de nuire.

S’agissant des problèmes dans nos régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, diverses mesures ont été prises afin d’envisager, objectivement et à brève échéance, un retour définitif de la paix.

Le Grand Dialogue National a permis de formuler des recommandations dont certaines connaissent un début de mise en œuvre, avec les lois récemment adoptées par le Parlement. Ainsi, nos deux régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest bénéficient, dans le cadre de notre République, d’un statut spécial répondant amplement aux aspirations de nos concitoyens qui y vivent.

Je saisis cette occasion pour exprimer notre reconnaissance aux pays amis, aux organisations internationales, comme les Nations Unies, le Commonwealth, la Francophonie et l’Union Africaine, pour leur compréhension, leur accompagnement et leur soutien dans la gestion de ce délicat problème.

Au plan économique, le Cameroun entend bien poursuivre résolument sa marche vers l’émergence, malgré les difficultés et les écueils. Sa Stratégie Nationale de Développement pour la période 2020-2030 est orientée en ce sens.

Notre pays se félicite aussi de l’entrée en vigueur de la Zone de Libre Echange Continentale dont il espère qu’elle ouvrira de nouvelles perspectives au commerce intra-africain.

Sur le plan diplomatique, le Cameroun a  reçu, au cours de  l’année 2019, la visite de nombreuses hautes personnalités étrangères ainsi que de dirigeants d’organisations internationales. Auprès de tous ces hôtes, j’ai pu faire valoir le point de vue de notre pays qui a besoin de vivre en paix et en sécurité, conditions d’un développement durable auquel aspirent légitimement tous nos compatriotes.

C’est le sens que je donne à ma participation au Forum pour la Paix qui s’est tenu en novembre dernier à Paris.

La ferme volonté de mon pays à éradiquer les pandémies que constituent le sida, la tuberculose et le paludisme, m’a amené à prendre part à la 6ème Conférence de reconstitution des ressources du Fonds Mondial qui y est consacré.

A cette occasion, le Cameroun a fait une contribution substantielle qui tenait compte de son niveau de ressources et de développement. Je voudrais ici, une fois de plus, saluer les efforts de la France qui a mobilisé la communauté internationale pour que le Fonds Mondial de lutte contre ces pandémies puisse retrouver des ressources nécessaires à son action.

Mesdames et Messieurs les Membres du Corps diplomatique,

Il reste, à mon avis, que la communauté internationale devra répondre à la question suivante : le monde peut-il continuer à évoluer dans un contexte de « guerre commerciale », de méfiance entre les Etats, d’incompréhension entre gouvernants et gouvernés ?

Si, comme on peut le supposer, la réponse est négative, il me paraît que seule une conférence internationale au plus haut niveau pourrait jeter les bases de « l’acte II de la mondialisation », selon les termes d’un éminent politologue[1], c’est-à-dire une mondialisation qui mette l’homme et son environnement au cœur de toute activité économique.

Monsieur le Doyen,

Mesdames, Messieurs les Membres du Corps diplomatique,

Le moment est  maintenant venu pour moi de vous prier de transmettre aux hautes autorités que vous représentez, mes vœux les meilleurs pour l’Année Nouvelle.

A vous-mêmes, à vos familles, j’adresse mes souhaits les plus sincères de bonheur, de santé et de succès pour  l’année 2020.

Vive la coopération internationale !

Vive la solidarité internationale !

Je vous remercie de votre attention.

Yaoundé, le 09 janvier 2020

 

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[1] Le professeur Bertrand BADIE (Sciences Po – Paris)