Chers jeunes compatriotes,
M’adressant à vous à la même période, l’an dernier, je vous avais laissé entrevoir une relance de la croissance de notre économie. Et cela naturellement avec de belles perspectives de création d’emplois. Eh bien ! cette relance s’est confirmée au cours de l’année passée. Les statistiques sont là pour le prouver.
Comme je l’ai souligné dans mon message à la Nation, en décembre 2014, 283.443 emplois ont été créés par les administrations et les entreprises. Pour l’année 2015, nous prévoyons la création de 350.000 emplois nouveaux. A pareil moment, l’année prochaine, nous aurons l’occasion de faire le point sur tous les emplois créés depuis 2011.
Il convient évidemment de se féliciter de cette évolution. Mais nous devons également le reconnaître : nous sommes loin de cette glorieuse reprise sur une longue période, seule capable de transformer notre pays en eldorado.
L’embellie de notre économie doit durer et se consolider pour conduire à l’émergence. En tout état de cause, notre jeunesse continuera à y trouver son compte.
Je sais bien que beaucoup parmi vous, qu’ils aient fait ou non des études, se retrouvent sans emploi. Je sais bien que beaucoup parmi vous, pour survivre, se rabattent sur des options précaires, sans lien avec leur formation ou leur diplôme. Il y a à cela plusieurs raisons qui tiennent au contexte international et à notre système d’enseignement.
Pendant près de 20 ans, l’iniquité des termes de l’échange et les différentes crises économiques et financières successives ont ralenti notre processus de développement et tari de ce fait l’offre d’emplois.
Est aussi probablement en cause, l’orientation tardive de notre système éducatif vers la professionnalisation.
Nous avons longtemps cru qu’il suffisait de rendre l’enseignement accessible au plus grand nombre, et d’en relever sans cesse le niveau, pour régler mécaniquement le problème du chômage.
Nos écoles, nos collèges et nos lycées, nos universités et grandes écoles, doivent sans cesse s’adapter à l’évolution du monde. Dans notre quête de développement, laissons-nous guider par l’impératif de former des jeunes aptes à construire notre pays.
L’évolution technologique a changé le cours des choses. La nouvelle économie est dominée par l’informatique. Il nous faut accentuer la formation des techniciens et des ingénieurs. La professionnalisation engagée dans l’enseignement secondaire et l’enseignement supérieur vise à répondre à cette demande. Sans doute faudra-t-il aussi, dans cette optique, redonner au travail manuel, qui fait figure de parent pauvre, la place qu’il mérite.
Notre pays ne cache pas ses ambitions dans les domaines agricole, minier, touristique, artistique, sportif et environnemental. L’artisanat et les petites entreprises occupent encore chez nous une grande place. Il est indispensable, dans ces conditions, d’avoir de meilleures structures de formation dans les filières qui préparent nos jeunes à ces métiers.
Ces secteurs sont de vraies niches de croissance et d’emplois qualifiés, tels que plombier, électricien, mécanicien auto et industriel, etc.
Avec l’industrialisation, notamment les grands projets structurants et notre révolution agricole, nos besoins dans ces spécialités ne feront qu’augmenter. Faudrait-il rappeler que dans certains pays plus avancés, ces métiers sont parfois mieux rémunérés que ceux du commerce et des services ?
Sous cet angle, la professionnalisation de l’école étant d’adoption relativement récente au Cameroun, il est clair qu’elle n’aura pas d’effet immédiat sur l’emploi.
Comment faire, me demanderiez-vous, quand il y a urgence, et que par nature, la jeunesse est impatiente ?
J’invite le gouvernement, à travers les structures mises en place, à poursuivre la formation professionnelle, la promotion de l’auto-emploi et le financement des microprojets. Je demande également aux chambres consulaires, aux organisations patronales, bref au secteur privé, de prendre leur part de responsabilité.
Chers jeunes compatriotes,
La mutation dans laquelle notre pays est irréversiblement engagé, ne peut se faire qu’avec vous, et pour vous.
Comment pourrait-il en être autrement alors que les jeunes représentent la moitié de notre population ?
La jeunesse est également réputée ardente. Je le comprends. Mais elle doit faire preuve de modération dans son élan, et prendre la mesure des réalités.
Vous devez surtout vous défier des chants trompeurs des oiseaux de mauvais augure, ces marchands d’illusion qui n’ont pour projet que la déstabilisation via les réseaux sociaux. Ces prophètes irresponsables cherchent de façon évidente à vous instrumentaliser.
Dans la période délicate que traverse notre pays, menacé par un ennemi impitoyable, jamais notre cohésion nationale n’a été aussi indispensable.
Ce n’est pas au moment où notre avenir national s’ouvre sur des perspectives favorables que nous devons prêter l’oreille aux sirènes de la désunion et de la déstabilisation.
Chers jeunes compatriotes,
Je vous ai toujours fait confiance. Je vous sais jaloux de notre unité. Je vous sais épris de paix, de progrès et de justice. Je connais aussi votre bon sens et votre pragmatisme.
Le douloureux spectacle qu’offrent aujourd’hui certains pays déchirés par la guerre civile, les antagonismes religieux, les déplacements de population et l’anarchie, ne peut que vous dissuader, j’en suis sûr, de vous laisser entraîner dans pareilles aventures.
Je vous donne en exemple nos jeunes soldats qui veillent à notre sécurité le long de nos frontières. Leur vaillance, leur sens du devoir et du sacrifice, nous montrent ce que peut être, porté au plus haut degré, l’amour de la patrie.
Ce combat qu’ils mènent en notre nom, au péril de leur vie, est celui de toute la Nation. Avec le soutien de chacun d’entre nous, il ne fait aucun doute que nous en sortirons vainqueurs. Les pays amis, les pays épris de paix et de liberté, la communauté internationale, l’opinion mondiale, sont avec nous.
Bonne Fête de la Jeunesse à toutes et à tous !
Vive la jeunesse camerounaise !
Vive le Cameroun !