Déclaration de S.E. Paul BIYA lors du Débat Général de la 71eme Assemblée Générale des Nations Unies
Monsieur le Président,
Le Cameroun vous félicite pour votre élection à la présidence de la présente session. Votre grande expérience, au niveau national et international, dans le secteur public et privé, vos qualités humaines bien connues, sont de bons augures pour le succès de nos travaux. Je voudrais, à cet égard, vous assurer du soutien de mon pays et de l'entière coopération de sa délégation.
Il me plaît aussi de saluer le travail effectué par votre prédécesseur, M. Mogens Lykketoft. Son mandat s’est illustré par d'heureuses initiatives pour faire des Nations Unies une Organisation plus ouverte et plus transparente.
Je voudrais enfin rendre un hommage appuyé à M. Ban Ki-moon pour les réalisations remarquables accomplies durant ses deux mandats, dans un contexte international particulièrement difficile.
Le Cameroun, pour sa part, s’honore de sa visite mémorable en 2010. Il se félicite du renforcement, durant son mandat, des liens exceptionnels d'excellente coopération avec l’ONU.
Monsieur le Secrétaire Général, vous êtes toujours le bienvenu chez nous.
Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,
La présente session s’ouvre dans un contexte de turbulences où, fort heureusement, on entrevoit des éclaircies et des lueurs d’espoir.
Dans un élan de solidarité humaine, nous avons, au cours des dernières années, posé les jalons d'une communauté de destin de l'humanité. Je citerai notamment le document au titre significatif « Futur que nous voulons », adopté dans le cadre de Rio+20. Je citerai également les 17 objectifs stratégiques du nouveau programme de développement durable à l'horizon 2030. Je citerai enfin l'accord de Paris sur le climat, obtenu dans le cadre de la COP21.
Dans ce contexte, mon pays salue votre décision de placer votre mandat sous le signe de la mise en œuvre de l'Agenda 2030 pour le développement durable. Il se félicite ainsi de la tenue du présent débat sur les Objectifs du Développement Durable, neuf mois après leur entrée en vigueur. Les ODD, rappelons-le, sont le premier programme mondial à prendre en considération la problématique du développement dans toutes ses dimensions : sécuritaire, économique, sociale, humaine et environnementale.
L'originalité de l'Agenda 2030 réside, on le voit, dans le fait qu'il transcende les indicateurs classiques de croissance économique. Il se préoccupe réellement du progrès humain, du patrimoine de l'humanité, du bien-être commun, de la sécurité de tous... C'est un programme ambitieux qui demande la franche implication de tous.
A travers ce programme, notre ambition commune est d'éradiquer la pauvreté et de ne laisser personne pour compte. C'est un défi que nous nous sommes donnés et que nous devons assumer solidairement pour répondre à l'attente de nos peuples et à l'appel de l'Histoire tout court.
Comme vous le savez, Monsieur le Président, nous avons, dans le passé, adopté des agendas, des déclarations, des programmes d'action. Ils ont soulevé d'immenses espoirs dans le monde auprès des jeunes, des femmes et des hommes, dans les villes et dans les campagnes. Ils étaient annonciateurs d'un monde nouveau, de paix et de prospérité partagée.
Pour autant, les actions convenues n'ont été que partiellement mises en œuvre. Nous l'avons déploré en son temps, ici même : nous n'avons pas respecté tous nos engagements, surtout financiers. Nous n'avons pas répondu entièrement aux espoirs et attentes de nos peuples.
Organisons-nous aujourd'hui pour que les ODD connaissent un sort meilleur.
Puisqu'il s'agit de " transformer le monde et de ne laisser personne en marge", donnons-nous alors les moyens de nos ambitions.
Ces moyens, à notre avis, sont de trois ordres :
-D'ordre politique d’abord. Notre volonté politique devra s'exercer de façon continue et ne pas varier selon les circonstances.
-D'ordre financier ensuite. Il faudra que les contributions soient effectives, sûres et suffisantes. Ce qui nécessitera une mobilisation sans précédent.
-D'ordre moral enfin. Le principe d'obligation de solidarité entre les peuples devra être réaffirmé et observé.
Ce faisant, nous permettrons aux ODD d'être des accélérateurs de l'avènement d'un monde de paix pour tous et partout, d'un monde de prospérité pour tous.
Comme vous le voyez, Monsieur le président, ce n'est plus une affaire de promesses. C'est le temps de l'engagement. C’est le temps de l’action.
Nos efforts rencontreront divers obstacles, dont la persistance des conflits et la montée du terrorisme. Mon pays peut en parler en connaissance de cause, lui qui mène depuis trois ans une véritable guerre contre ce dernier fléau. Cette menace, d'un type nouveau, à la paix et au développement, appelle, je le redis volontiers, une réponse, une détermination et une action collectives.
L'objectif 16 du programme de développement durable, qui met l'accent sur la promotion et l'avènement de sociétés pacifiques et ouvertes à tous, devrait, en ce qui nous concerne, nous permettre de lutter efficacement contre Boko Haram. Comme le souligne l'une des cibles de cet objectif, nous devons, je cite : « appuyer, dans le cadre de la coopération internationale, les institutions nationales chargées de renforcer, à tous les niveaux, les moyens de prévenir la violence et de lutter contre le terrorisme et la criminalité, en particulier dans les pays en développement ». Fin de citation.
Monsieur le Président,
Le Cameroun vous remercie de l'avoir convié, aux côtés des autres Etats membres de l’ONU, à ce débat sur la mise en œuvre des ODD, cette dynamique universelle pour transformer le monde.
Les résultats des agendas et programmes antérieurs nous ont montré l’impérieuse nécessité de nous donner les moyens de nos ambitions.
Si nous décidons, ici et maintenant, de mobiliser effectivement et concrètement nos immenses ressources,
Si nous décidons de les consacrer à l'atteinte des Objectifs de Développement Durable,
Alors, les ODD deviendront réellement cette dynamique transformatrice du monde d'aujourd'hui en un monde de paix et de prospérité partagée.
Je vous remercie, Monsieur le Président.-
