Monsieur le Président de la République française,

Messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernement,

Mesdames et Messieurs les Chefs de Délégations,

Mesdames et Messieurs,

Je voudrais de prime abord, remercier le Président Emmanuel MACRON, pour l’invitation qu’il a bien voulu m’adresser afin que je prenne part au 80ème anniversaire du Débarquement de Provence.

Je voudrais le remercier également, pour l’accueil chaleureux qui nous a été réservé, ma délégation et moi.

Je salue ensuite, votre présence ici, vous tous qui avez effectué ce déplacement pour vous retrouver en ce lieu inauguré en 1964 par le Général de Gaulle, alors Président de la République, en présence de nombreux combattants de France et d’Afrique, à l’occasion du 20ème anniversaire de ce même Débarquement de Provence.

La Nécropole nationale de Boulouris est un endroit chargé d’histoire, un lieu du souvenir, un lieu de douleur, un lieu de recueillement qui nous parle et nous interpelle sur l’avenir du monde. De nombreux soldats ont ici à Saint-Raphaël, comme sur les autres terres de Provence, comme en Normandie et comme ailleurs en Europe, donné de leur vie pour combattre l’occupation, pour sauver la liberté, en formant une formidable chaine de solidarité. Aujourd’hui encore, nous sommes là pour nous souvenir de leur vaillance, pour convoquer le souvenir d’une guerre du passé pour la liberté et rendre à ces héros un hommage appuyé.

Messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernement,

Mesdames et Messieurs,

Les milliers d’hommes qui sous la direction du Général de Lattre de Tassigny, ont combattu avec bravoure étaient pour un grand nombre, originaires de tout l’empire colonial français. Ils venaient entre autres, de l’Afrique subsaharienne. C’est dire que la contribution de l’Afrique a été significative pour rompre les chaines de l’occupation allemande. Une occupation dure, une occupation liberticide dont les troupes avaient reçu ordre de tenir jusqu’à la dernière cartouche.

Le ralliement des territoires de la France libre a en effet constitué un enjeu majeur dont l’apport à la victoire finale a été significatif. C’est, entre autres, dans le but de lever les troupes en Afrique, alors considérée comme base potentielle d’une reconquête de l’Europe, que le Colonel Leclerc est missionné au Cameroun. Le ralliement du Cameroun, l’un des tout premiers, est aussitôt obtenu dès le 27 Août 1940, ce qui a fait dire au Général de Gaulle et je cite que « le Cameroun vient de prendre une belle décision et de donner un exemple magnifique ». La rapidité de ces ralliements permet au Général de Gaulle de démontrer à ses alliés, la réalité d’une France combattante. Les troupes dont le Colonel Leclerc prend ainsi le commandement comptent beaucoup d’hommes issus de l’Afrique Equatoriale française et du Cameroun.

C’est de la ville de Douala que partent les expéditions qui plus tard ont constitué la colonne Leclerc. Les faits d’armes de cette colonne sont nombreux. Ils passent par la Tunisie dès 1942, puis par la Sicile en Italie et par la Corse ensuite, sans omettre le Tchad. Partout où les combats les ont menés, ces valeureux soldats venus de l’Afrique Occidentale ou de l’Afrique Equatoriale, de Madagascar ou de l’Océan Indien se sont magnifiquement illustrés. Ils ont en revanche payé un très lourd tribut pour la victoire. Des combattants exemplaires, souvent héritiers des traditions guerrières immémorables, admirables de courage, d’audace et de loyauté, ils ont été les artisans de la victoire. Leur sang est à jamais mêlé à d’autres sangs pour que l’étendard de la France et de ses alliés soit définitivement couronné de gloire. En ce jour du souvenir nous leur devons un immense respect.

Messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernement,

Mesdames et Messieurs,

Il n’y aurait pas eu de victoire alliée sans l’alliance sacrée des volontés, sans la contribution des autres peuples, sans les étrangers, sans les noirs et autres tirailleurs. Cette lutte a été menée ensemble pour défendre les valeurs et les idéaux universels de paix et de justice. Elle exprimait une vision de l’homme et du monde qui nous est commune. Au nom de celle-ci nous avons ensemble combattu côte à côte. Cette vision était respectueuse de nos différences, respectueuses de l’infinie diversité des hommes, des cultures, des religions, des civilisations. Cette vision là, reconnait à chacun de nous un droit égal à la dignité. La solidarité exemplaire qui a ainsi prévalu, reste et demeure une leçon précieuse que nous devons perpétuer et transmettre aux générations futures, afin d’éviter les erreurs commises par le passé.

J’ai, pour ma part, la conviction que la solidarité internationale, et une meilleure prise en compte des attentes des intérêts d’autres pays, particulièrement ceux du sud, ramènerait dans le monde d’aujourd’hui, une plus grande paix. C’est aussi cela, le sens de notre présence ici.

Excellences Mesdames et Messieurs,

Nous nous retrouvons en Provence vous le savez, pour convoquer le souvenir d’une guerre du passé, et pour rendre hommage aux héros de notre histoire. Seulement, la guerre que l’on pensait à jamais éloignée, frappe de nouveau aux portes de l’Europe. Elle est désormais plus proche de nous. Des hommes se battent à nouveau à quelques heures d’ici. C’est dire que les Organisations Internationales et le système mis en place aux lendemains des deux guerres mondiales et davantage de la deuxième guerre mondiale, reste et demeure perfectible. Oui, les fantômes de l’esprit de revanche ; la violation flagrante de la souveraineté des Etats ; l’intolérable mépris des peuples ressurgissent du passé pour s’imposer dans notre quotidien. Le droit International diversement interprété ; l’instrumentalisation des droits de l’homme ; l’oubli ou le déni des autres guerres ; la volonté permanente de dominer ; d’exploiter ; de construire un monde à son unique avantage, sont entre autres, les ombres qui nous guettent aujourd’hui et dont notre présence ici devrait révéler la lueur.                              

Cette commémoration doit aussi pouvoir mettre en exergue, notre responsabilité collective dans la préservation de la paix et de la liberté dans le monde.

Il nous faut trouver des réponses aux questions et causes qui sont le terreau du terrorisme, de l’injustice, de la crise de confiance qui s’observe vis-à-vis du multilateralisme, pour espérer faire vivre la concorde et rendre le monde plus sûr.

Presque partout, la grande question reste et demeure de savoir si nous devons capituler devant le pessimisme de l’inévitabilité de la guerre, ou si nous pouvons encore bâtir un avenir plein d’espoir où les guerres appartiendront définitivement à l’histoire.

Malheureusement, la géopolitique et la géostratégie mondiales restent dominées par la course aux armements, la construction des blocs fait son retour, la guerre froide dont la chute du mur de Berlin a sonné le glas est à nouveau d’actualité, de nouveaux acteurs à l’instar des Sociétés paramilitaires privées agissent çà et là, et la guerre se fait désormais par procuration.

Si rien n’est fait, le monde se dirige de nouveau vers une ou plusieurs guerres aux conséquences incalculables.

Face à cela, le Cameroun pour ce qui le concerne a de tout temps fait recours au dialogue, aux solutions concertées, il a fait de la résolution pacifique des différends, la clé de sa démarche pour faire échec à la guerre et résoudre les conflits.

En définitive, je veux ici saluer l’organisation de cette Commémoration qui constitue une excellente occasion d’encouragement de la solidarité entre les nations pour construire la paix et faire face ensemble aux grands problèmes de notre temps.

Je vous remercie de votre aimable attention./-

Boulouris-Saint-Raphael, le 15 août 2024.

 

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