72EME SESSION DE L’ASSEMBLEE GENERALE DES NATIONS UNIES

(New York, 13 septembre - 24 décembre 2017)

 Débat général

 Thème : Priorité à l'être humain :

paix et vie décente pour tous sur une planète préservée.

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 DECLARATION DE S.E.M. PAUL BIYA,

PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE DU CAMEROUN.

 

 

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs les Chefs d'Etat et de Gouvernement,

Monsieur le Secrétaire Général de l’ONU,

Mesdames et Messieurs les Chefs de délégations,

Je voudrais, Monsieur le Président, vous féliciter pour votre accession à la présidence de la présente session de l'Assemblée Générale de l’ONU. Votre grande expérience vous permettra, j’en suis sûr, de conduire avec plein succès nos délibérations. Soyez assuré de l’entière coopération de ma délégation.

A l'Ambassadeur Peter THOMPSON, votre prédécesseur et maître d’œuvre de l'agenda 2030 du développement durable, je tiens à présenter mes félicitations pour son bilan digne d’éloges.

Enfin, je voudrais renouveler mes chaleureuses félicitations à M. Antonio GUTERRES, pour son élection unanime au poste de Secrétaire Général de notre Organisation.

Vous pouvez, Monsieur le Secrétaire Général, compter sur l’appui constant du Cameroun dans l’exercice de vos hautes et délicates fonctions.

Mesdames, Messieurs,

La présente session se tient dans un contexte international où de nombreux foyers  de tension persistent dans le monde,  où le terrorisme continue de faire des milliers de victimes, où  l'activité humaine provoque des perturbations  climatiques, où la pauvreté est loin de reculer. Mais c'est aussi une période où des efforts louables sont consacrés à la mise en œuvre du Programme de Développement Durable qui vise à l'épanouissement de l'Etre Humain afin que nul ne soit laissé pour compte.

C'est  dire toute la pertinence du thème  soumis à notre réflexion, à savoir (je cite) « priorité à l'être humain : paix et vie décente pour tous sur une planète préservée ».

Nos débats et surtout nos conclusions constitueront un test de notre fidélité à l’idéal des peuples des Nations Unies. Ceux-ci, nous dit le préambule de la Charte, se sont déclarés résolus à préserver les générations futures du fléau de la guerre, à favoriser le progrès social et à instaurer de meilleures conditions de vie pour tous les peuples.

Monsieur le Président

Pour le Cameroun, comme pour la plupart de nos Etats, la paix est une condition sine qua non de la survie de l’humanité et de tout développement durable. Cette paix demeure dangereusement menacée, notamment par le terrorisme, les conflits, la pauvreté et les dérèglements climatiques. Aujourd’hui nous sommes tous, je dirais, « mendiants de la paix ». Et ces menaces persistantes nous interpellent tous au plus haut niveau.

Monsieur le Président,

Aucun continent, aucun pays n’est épargné aujourd’hui par le fléau du terrorisme dont le martyrologe rythme hélas le quotidien de nos vies. Quelques exemples :

-     août 2017, attentats de Barcelone et de Ouagadougou ;

-     juillet 2016, attentat de Bagdad : 292 morts ;

-     octobre 2015, crash d’un Airbus russe dans le Sinaï : 224 morts ;

-     mars 2015, attaque des mosquées de Sana : 142 morts ;

-     novembre 2015 attentats de Paris et Saint Denis : 130 morts…

Maïduguri, Kolofata, Fotokol… Que de morts sans nom, sans visage… Le nombre des victimes de la secte terroriste Boko-Haram dans le bassin du Lac Tchad est estimé à 2000. Le Cameroun et les pays voisins font face à cette secte qui, chaque jour, renouvèle ses méthodes et ses tactiques. Nous apprécions le soutien de nos partenaires dans le combat contre cette barbarie.

La lutte contre Boko-Haram, cette secte djihadiste, appelle à une mobilisation générale accrue si nous voulons réellement en finir avec ce danger. Il est mortel pour nos peuples, pour nos populations, pour notre indépendance et notre démocratie. Il est mortel pour la paix. Nous attendons beaucoup, à cet égard, de la venue, dans la région du Lac Tchad, de la mission de haut niveau prescrite par le Conseil de Sécurité au Secrétaire Général de l’ONU par sa résolution 2349.

Monsieur le Président,

Nous déplorons que les conflits perdurent en Afrique, en Asie, en Amérique latine et au Moyen-Orient. Ils engendrent douleurs et souffrances… Que de morts… Que de réfugiés et personnes déplacées… Que d’enfants errant sans toit et à l’avenir incertain, voire brisé…

Le Cameroun, qui a accueilli et accueille sur son sol des milliers de réfugiés centrafricains et nigérians, voit combien ils se sentent blessés, martyrisés et menacés dans leur existence.

Alors, mobilisons-nous, redonnons, dans nos politiques, dans notre comportement et dans nos actions, priorité à l’Etre Humain.

Mesdames, Messieurs,

Menacée par le terrorisme et autres conflits, la paix l’est aussi par la persistance de la pauvreté. Le Conseil de Sécurité l’a fort opportunément rappelé, la pauvreté est une menace grave. Comment dès lors, comprendre que nous ayons peine à lui livrer un combat conséquent.

Les nombreuses déclarations et résolutions, les différentes décennies des Nations Unies pour le développement ainsi que les plans d’action et autres agendas adoptés par l’ONU, ne sortent pas tous leurs effets. Le résultat est là : la pauvreté persiste ; l’écart entre pays riches et pauvres ne cesse de se creuser. Cette situation est aggravée par la baisse des prix des matières premières.

Mobilisons-nous, Monsieur le Président, dans un formidable élan de solidarité pour faire reculer la pauvreté. Accordons nos actes à nos paroles. Ce faisant, nous offrirons à nos populations des conditions d’une vie décente… Priorité à l’Etre Humain !

Monsieur le Président,

Nous devons, pour les générations actuelles et futures, préserver notre planète. Nous saluons, à cet égard, l’Accord de Paris sur le Climat que le Cameroun, je le rappelle, aura été parmi les premiers pays à signer et à ratifier. Nous pouvons nous féliciter des mesures actuellement prises pour sa mise en œuvre effective.

C’est l’occasion pour nous de réitérer, avec force, le souhait légitime et unanime des pays en développement. Ces pays qui polluent peu, comme nous le savons tous, méritent de bénéficier de la part des pays riches, qui polluent beaucoup, de moyens multiformes pour promouvoir efficacement, à leur niveau, les objectifs de l’Accord de Paris.

Pour l’Afrique, deux urgences nous interpellent.

D’abord la dégradation continue des forêts en Afrique Centrale. Sauvons le Bassin du Congo, le deuxième poumon de la planète.

Il y a ensuite la désertification qui affecte le Lac Tchad en voie de disparition. Cet immense plan d’eau, indispensable à la vie des populations et à la biodiversité, a déjà perdu 90 % de sa surface initiale. Sauvons le Lac Tchad.

En agissant de la sorte, nous contribuons à la préservation de la planète pour le grand bien de l’Etre Humain.

Monsieur le Président,

La quête de la paix nous concerne tous. Tous les pays doivent œuvrer pour son avènement.

Alors n’est-il pas temps que la voix des pays pauvres, singulièrement de l’Afrique, porte plus loin ?

N’est-il pas temps, et grand temps,  que le message de l’Afrique au Monde soit mieux pris en compte ?

N’est-il pas grand temps qu’une nouvelle architecture de notre Organisation permette, justement, à l’Afrique de mieux se faire entendre au sein d’une Assemblée Générale revitalisée, d’un Conseil de Sécurité qui nous ouvre davantage et plus équitablement ses portes ?

Un monde plus solidaire est la condition sine qua non de la paix sur terre.

Monsieur le Président,

Il me faut conclure.

Notre bien le plus précieux c’est la paix. Sans elle, nous ne pouvons rien entreprendre de durable, d’efficace au bénéfice de nos jeunes, de nos peuples.

Le thème en débat vient opportunément nous rappeler l’engagement des pères fondateurs de l’ONU, à savoir :

-     préserver les générations futures des affres de la guerre ;

-     assurer à tous, grâce à la coopération, une existence décente, à l’abri du besoin.

Le présent débat nous invite à renouveler notre foi agissante aux idéaux et objectifs de l’ONU.

Puissions-nous, ensemble, prendre, à bras le corps, la grande question de la paix et du développement dans le monde.

Le Cameroun, comme il l’a fait ici le 10 Septembre 2000, appelle à nouveau le Monde à s’unir dans une grande coalition en faveur de l’Etre Humain replacé au centre de nos politiques. Garantissons-lui la paix et une vie décente dans une planète préservée.

Je vous remercie, Monsieur le Président.-

 New York, le 22 septembre 2017

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